La Dénazification
Les actions principales sur la dénazification
en Allemagne, dont le but est «la reconstitution de la vie
politique allemande sur des bases démocratiques», sont
présentés dans un décret du commandement américain
JCS
1067 à Eisenhower d’avril 1945.
• La dissolution du Parti Nazi, de ses formations,
de toutes les institutions publiques nazies, qui ont été
utilisées comme instruments du gouvernement du parti; interdiction
de leur reconstitution sous quelque forme que ce soit.
• L’abolition de lois, qui ont créé
la structure politique du national socialisme et toutes les lois,
qui ont créé la discrimination raciale, nationale,
politique et religieuse.
• Le licenciement des nazis actifs de toutes
les fonctions publiques et leur écartement de la vie publique:
1°) des organisations économiques, civiques et de travail;
2°) des corporations et autres organisations, dans lesquelles
le pouvoir allemand a des intérêts financiers importants;
3°) de l’industrie, du commerce, de l’agriculture
et des finances;
4°) de l’éducation;
5°) de la presse, des maisons d’édition et des
agences, spécialisés dans les informations et la propagande;
Les nazis actifs qui ont été plus que des membres
ordinaires du parti sont qualifiés comme tels lorsque:
- Ils ont dirigé un service du parti ou ils
ont été actifs à tous les niveaux depuis
le niveau local jusqu’au national dans
les structures du parti ou autres;
- Ils ont participé dans des crimes nazis,
la persécution raciale ou discrimination;
- Ils ont déclaré de manière
claire une foi dans le nazisme;
- Ils ont aidé volontairement de manière
morale ou matérielle les nazis ou ils ont collaboré
avec eux au niveau politique;
• La propriété du parti nazi et
des personnes considérées comme nazis actifs susceptibles
d’être arrêtés, passe sous le contrôle
de le direction Militaire.
• La même chose concerne toutes les archives, monuments
et musées du nazisme.
• La conservation de tous les enregistrements, plans, livres,
documents, de toutes les données scientifiques et économiques
du pouvoir central allemand, du parti national socialiste et des
organisations qui lui sont subordonnées, de tous les services
policiers, inclus la police politique et la sécurité,
de toutes les organisations économiques importantes, contrôlées
par le parti national socialiste et de ses membres.
• L’ordre est donné de la recherche et l’arrêt
des dirigeants nazis et des responsables des crimes de guerre pour
qu’ils soient jugés
• On met sous le contrôle de la direction militaire
toute activité politique; la propagande sous quelque forme
que ce soit de idées nazies, militaristes ou pangermanistes
est interdite.
• Les tribunaux créés par le régime national
socialiste sont liquidés; les tribunaux civiques, pénaux,
et administratifs sont également prévus à être
dissous de manière temporaire jusqu’à l’élimination
de l’influence nazie (80% de la profession juridique ont été
membres du parti national socialiste).
• On prévoit la liquidation de toute sorte de police
spéciale, avec l’exception de la police criminelle,
après la purification des nazis et sa mise sous contrôle
de la direction Militaire.
• Toutes les institutions d’éducation sont fermées,
en sachant que les nazies le sont définitivement. On prévoie
l’élaboration d’un programme d’éducation
duquel sera écartée la doctrine nazie et les idées
démocratiques seront promues. L’ouverture de nouveau
des écoles doit être possible le plus tôt après
l’écartement des nazis actifs. Les manuels contenant
des idées nazies seront remplacés.
• D’après les décisions de la conférence
de Potsdam après la capitulation de l’Allemagne commence
le processus de dénazification: le parti Nazi est dissout,
ses membres sont écartés des positions occupées,
des tribunaux pour crimes de guerre sont constitués. Les
forces des Alliés arrêtent des représentants
de différentes catégories de nazis – des leaders
national socialistes de direction jusqu’aux leaders de groupes
locaux, des chefs de la Gestapo jusqu’aux leaders des «Jeunesses
Nazies» et du front allemand travailleur. Les documents du
parti Nazi donnent assez d’information pour qu’on puisse
identifier ses fonctionnaires.
Le tribunal international de guerre ou appelé
le Procès de Nuremberg, contre les leaders nazis a lieu depuis
novembre 1945 jusqu’au 1 octobre 1946. Les accusations contre
eux sont sur les points suivants:
- Crimes contre la Paix - planification, préparation,
initiation et direction d’une agression militaire en infraction
aux lois et pactes internationaux; conspiration pour l’exécution
de ces crimes.
- Crimes contre l’humanité - assassinats,
génocides, déportation, esclavagisme contre populations
civiles avant ou pendant la guerre; persécution pour raisons
politiques, raciales ou religieuses, indépendamment s’ils
ont été faits selon les lois nationales en vigueur.
- Crimes de guerre, infraction aux lois de la guerre,
assassinats, déportation et travail forcé de populations
civiles et prisonniers de guerre, destruction de lieux habités,
sans fins militaires.
Le tribunal cherche une responsabilité individuelle des
leaders, des organisateurs, des initiateurs, des complices de
l’action consciente dans la création d’un système
sans lois, injuste et cruel, contre tous les principes moraux
du monde civilisé.
Le 1 octobre 1946 la sentence sur 21 des 24 inculpés
est prononcée: dix d’entre eux sont condamnés
à mort par pendaison, tous les autres excepté trois
sont condamnés à la prison avec une durée différente
de 10 ans jusqu’à la perpétuité. Le tribunal
rejette les contestations de la défense, à savoir
que uniquement l’Etat peut être responsable de crimes
de guerre et non pas des personnes physiques. Le procès fait
savoir au monde entier les crimes de masse du nazisme.
Le gouvernement américain organise 12 procès
à Nuremberg et un à Dachau dans la période
1945-1946. Les pouvoirs britanniques organisent des procès
au Luxembourg et à Hambourg. Depuis jusqu’à
aujourd’hui des procès semblables ont été
menés dans l’Allemagne de l’Ouest, Israël,
les Etats –Unis, inclus les procès contre Adolf Eichmann
et Ivan Demjaniuk.à Jérusalem. Entre 1963 et 1965
à Frankfurt il y un procès contre 22 ex-officiers
SS de Auschwitz.
Déjà avant la capitulation dans les
territoires occupés les candidats à des fonctions
publiques doivent remplir des questionnaires détaillés,
Fragebogen, qui éclairent sur leur passé: si ils ont
été membres du parti national socialiste ou fait partie
des organisations militaires, leur salaire, leur travail avant la
période hitlérienne. Cette information est nécessaire
à la direction Militaire pour pouvoir identifier les activistes
nazis mais aussi les sympathisants, les militaristes et les gens
qui ont bénéficié du nazisme. La véridicité
des renseignements est vérifiée par les services spéciaux
américains.
Dans le zone américaine les postes dans les
services publiques, desquels doivent être écartés
des employés, sont déterminés dans l’hiérarchie
vers le bas jusqu’à burgmeistr et des chefs de police.
Toutes les personnes ayant été embauchées à
des postes semblables ou plus élevés après
le 31 janvier 1933 ont dû être licenciés. Sont
susceptibles de licenciement également des personnes influents
dans «les institutions semi – officielles et privées».
Ce sont les employés dans les organisations civiques, économiques
et de travail, dans les coopérations, dans les institutions
industrielles, agricoles et financières dans la presse et
l’éducation, inclus les professeurs. De ces positions
d’influence doivent être écartés également
les membres du parti, qui ont dirigé au sein du parti un
service, qui sont entrés avant le 1 mai 1937 (date après
laquelle les employés étaient forcés d’y
entrer sinon ils perdaient leur travail), mais ils n’ont pas
été seulement des membres ordinaires. Jusqu’en
octobre 1945 dans la zone américaine sont licenciés
de la fonction publique 100 000 personnes et dans le secteur privé
30 000.
Au début dans le secteur privé sont
licenciés les nazis avec un capital de plus de 1 million
de marks ou avec 250 personnes comme employés. Plus tard
la dénazification est élargie et s’il était
prouvé qu’ils étaient plus que des nazis ordinaires
ils ont été écartés de leur activité
peu importe sa dimension, et s’ils étaient propriétaires,
elle passait sous le contrôle de la direction Militaire. La
loi N°8 du commandement militaire de septembre 1945 impose des
prohibitions encore plus fortes concernant l’embauche des
membres du parti national socialiste.
En pratique ils avaient le droit d’être
uniquement des ouvriers. Une correction dans la loi donne la possibilité
aux juridictions d’appel allemandes de considérer les
plaintes des personnes concernées. Dans la majorité
des cas ces juridictions décidaient qu’il s’agit
de membres ordinaires et non pas des nazis actifs. En Bavière
des 90 000 plaintes 65 000 ont été satisfaites ce
qui signifiait que les personnes récupéraient leur
propriété et leur travail.
Aux élections municipales en janvier 1946 la
direction militaire contrôle 4 750 000 noms des listes électorales
et disqualifie 326 000 pour appartenance au parti national socialiste.
Les candidats également sont examinés de nouveau moyennant
les questionnaires Fragebogen.
Au début de 1946, la direction militaire américaine
se prépare à transmettre la responsabilité
concernant la dénazification aux nouveaux pouvoirs allemands.
Des propositions de loi sur la dénazification sont discutées.
Lors de leur considération il y a des contradictions entre
le côté américain et le côté allemand
– dans l’idée de la dénazification les
américains font la différence entre les nazis actifs
et les nazis ordinaires, mais les allemands échelonnant plus
de différences: grands criminels, criminels, petits criminels,
suiveurs et les acquittés. Là où les américains
ont imposé un écartement systématique des nazis
actifs des positions d’influence dans la vie économique
et publique, les allemands adoptent une échelle de sanctions
et voient le sens de la dénazification dans la restitution
de la personne dans la société. De la direction militaire
américaine on ne conteste pas ça, mais on insiste
qu’on considère le nazisme comme un crime et qu’il
y ait des punitions bien définies: jusqu’à 10
ans de prison pour les grands criminels nazis, 5 ans ou moins pour
les criminels, une amande jusqu’à 10000 marks pour
les petits criminels et une amende jusqu’à 1000 pour
les suiveurs. Les américains savaient que les amendes seront
payées avec l’argent de l’inflation, mais que
l’œuvre en elle-même va prévenir un acquittement
général.
Une discussion est menée pour la détermination
de la catégorie «grands criminels». Pour les
allemands ce sont des personnalités qui ont occupé
des postes relativement élevés dans le parti nazi
ou ils ont été généraux dans l’armée.
Les américains mettent dans 99 catégories les personnes
définies comme des grands criminels et des criminels et recommandent
un examen très attentif de tous les officiers de l’armée,
gens de la «tradition junker de Prusse», membres d’organisations
étudiantes et autres.
Le 5 mars 1946 dans la zone américaine entre
en vigueur la loi de la libération du national socialisme
et du militarisme. A la fin de 1946 elle devient obligatoire pour
les autres zones également. Selon cette loi 13,5 millions
de personnes dans la zone américaine – tous des allemands
de plus de 18 ans doivent remplir dans une forme raccourcie le questionnaire
de la direction Militaire, Fragebogen. Ceux qui ont eu une activité
susceptible d’être jugée devaient apparaître
dans les tribunaux locaux de dénazification, qui après
une audition des deux partis mettent l’inculpé dans
une des cinq catégories et appliquent la punition correspondante.
Les inculpés qui sont déterminés comme acquittés,
et ceux qui ont payés une amende imposée sont déclarés
comme dénazifiés, et leurs droits civiques sont restitués.
La loi exige que les membres des tribunaux soient des habitants
locaux, des ennemis connus du nazisme, honnêtes et justes.
Les tribunaux ont été formés difficilement
à cause de la de la mauvaise volonté des gens à
y entrer ou de la peur.
Jusqu’à la fin du mois de Mai 1946 la
direction Militaire définit 314 000 gens comme des nazis
actifs et susceptibles d’être écartés
de la fonction publique et des positions d’influence dans
le secteur privé. Après l’entrée en vigueur
de la loi pour la libération du national socialisme et du
militarisme les tribunaux allemands de dénazification examinent
887 252 personnes des 3 623 112 responsables par rapport à
cette loi. D’eux jusqu’au 30 juin 1948 ont été
condamnés 117 523 comme des criminels nazis dans les cinq
catégories plus basses. 83 775 ont reçu des sentences
ou des amendes au dessus de 1000 marks.
Dans les premiers mois après la capitulations
commence le changement dans le système éducatif et
sa libération de l’influence nazie. Dans la zone américaine
la majorité des professeurs sont licenciés, 70-80
%. Les manuels sont examinés attentivement et comme presque
tous ont fait la propagande des idées nazies ou pangermanistes
sont changés.
La direction Militaire met sous licence de manière
ferme, elle examine les media et fait des efforts particuliers pour
garantir que dans la presse et la radio vont travailler seulement
des gens avec un passé antinazi. La direction Militaire crée
son propre organe de contrôle et reconstruction des services
d’information allemands qui se déroule en trois phases.
D’abord tous les media sont dissous au début de l’occupation.
Dans un deuxième temps la direction Militaire choisit des
media pour ses organes d’information. Et en troisième
lieu petit à petit les media sont rendus aux allemands après
avoir donné des licences à des allemands antinazis
et démocrates. A part ces critères pour délivrer
des licences on essaye que les différentes éditions
représentent différentes visions sociales politiques
et religieuses.
Un des objectifs important est qu’une nouvelle
classe de journalistes soit créée et pour cela des
jeunes journalistes sont embauchés et formés. Lors
de l’embauche de journalistes pour l’agence d’information
allemande DANA les américains préfèrent des
jeunes sans expérience ayant un passé anti-nazi, à
ceux avec expérience. De juillet jusqu’à la
fin de 1945 sont embauchés et formés 130 journalistes
dont la moyenne d’âge est 26 ans.
Les professions de théâtre et de musique
sont les premiers à être vérifiés par
les organes allemands d’autorégulation. Des conseils
constitués par le pouvoir local et des citoyens depuis mars
1946 vérifiaient les questionnaires, replis par des producteurs,
acteurs et propriétaires de théâtres. Après
une vérification de la direction Militaire, le pouvoir locale
pouvait faire son choix pour les théâtres et les orchestres.
A part dans le théâtre, la musique, les
agences d’information et la presse, la direction militaire
américaine fait une libération de l’influence
nazie et au contraire fait la propagande de la démocratie
à la radio, l’édition et le cinéma.
Dans les différentes zones le processus de
la dénazification est fait dans une échelle différente.
Dans la zone américaine la procédure est respectée
le mieux. Dans les zones britannique et française il y a
des compromis qui sont faits pour des causes administratives et
économiques. Dans la zone soviétique la dénazification
est utilisée pour la création d’un Etat communiste,
totalitaire. Pour cela des nazis haut placés n’ont
pas été touchés lorsqu’ils exprimaient
une volonté de collaborer avec le pouvoir nouveau et même
ont atteint des positions assez élevées dans la nouvelle
classe dirigeante. La définition de la culpabilité
est également considérée avec une sévérité
différente. Les cas jugés comme «grands criminels»
sont 2,5% du total dans la zone américaine, 1,3% dans la
zone britannique et 0,1% dans la zone française.
Dans la zone soviétique la dénazification se termine
en 1948. Dans les autres elle se termine petit à petit entre
1950 et 1954.
Aujourd’hui dans quelques pays –
l’Autriche, la Belgique, la France, l’Allemagne, Israël,
l’Espagne et la Suisse –existent des lois, incriminant
la négation publique, et l’amenuisement, l’approbation
et la justification du génocide national socialiste et les
crimes contre l’humanité. En Allemagne il y a également
une interdiction sur les signes nazis. Dans tous les cas les procès
sont menés par l’Etat, dans certains cas avec l’aide
des organisations anti-nazies ou des personnalités individuelles.
On prévoit la possibilité de rendre publique la décision
de la justice. Les punitions peuvent être la prison ou des
amendes et varient en fonction de pays.
Le site «Décommunisation»
remercie Marina Ivanova pour la traduction du bulgare
en français.
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