La Dénazification - La décomunisation en Bulgarie – Le cas Iraq
– Exemples du traitement de ex-régimes autoritaires criminels
Docteur Zdravko Tzankov
Docteur Zdravko Tzankov est né en
1920. Fils du Social-Démocrate Assen Tzankov et neveu de Prof. Alexandre
Tzankov, premier ministre bulgare entre 1923 et 1926. Il termine
ses études de Droit à Sofia et en1942 part à Berlin pour faire son
Doctorat. Après la fin de la guerre il est immigré en Autriche et
en France. Il travaille à la radio «The Voice of America - La Voie
de l’Amérique» dans les années 1956 - 1958, ensuite jusqu’à sa retraite
dans l’entreprise pétrolière américaine en Allemagne. Depuis le
1er Juillet 2000 docteur Zdravko Tzankov a commencé a éditer son
propre on-line magazine de politique et histoire –«Forum Zdr@vko
Tzankov».
Lorsque le 1er Mai 1945, la Deuxième Guerre Mondiale
en Europe se termine, je me trouvais depuis quelques jours, réuni
pour la première fois depuis longtemps avec ma mère et mon père
dans un hôtel Alpin dont le nom était Ehrenbachhoehe dans les montagnes
au-dessus de Kitzbühel dans le Tyrol autrichien.
50 ans plus tard j’avais écrit un article dans le
journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, qu’avait lu la
secrétaire qui travaillait dans l’hôtel à cette époque là. A cause
de mon nom peu commun, qu’elle avait retenu, elle est entrée en
contact avec moi, on est devenus amis avec elle et son mari et ainsi
j’ai appris des détails, que dans la temps je ne connaissais pas,
qui ont rendu complète l’histoire pour que je puisse vous le raconter.
L’hôtel a été réquisitionné en avril 1945 par le Ministère
de l’extérieur allemand, pour pouvoir mettre a l’intérieur des activistes
politiques et culturels de l’Europe du Sud, qui auraient perdu leur
logements à cause de l’avancement de l’Armée Rouge, et envers qui
l’Allemagne se sentait pour différentes raisons redevable au moment
de son crash. En particulier il y avait des hongrois du dernier
gouvernement hongrois pro-allemand, qui avait dirigé l’Hongrie jusqu’à
l’occupation par l’Armée Soviétique, des politiciens yougoslaves
du gouvernement pro-allemand qui avait été au pouvoir seulement
quelques jours en 1941 et mon père qui était ministre de l’extérieur
dans le gouvernement bulgare anti-communiste exilé à Vienne après
le 9 septembre 1944, sur quoi j’ai exposé longuement dans mon forum.
L’hôtel était le plus haut dans cette partie des Alpes
et on y arrivait seulement en traîneau.
Le troisième jour après la fin de la guerre, le 3
Mai 1945, les forces d’occupation américaines sont entrées dans
Kitzbühel, qui était transformé depuis longtemps d’une station d’hiver
en ville d’hôpitaux militaires allemands. Ils sont entrés sans déployer
des opérations militaires qui avaient pratiquement cessé depuis
le 1 mai. Le jour d’après le 4 mai deux jeunes officiers américains
des forces spéciales de dénazification, parlant un allemand parfait,
ayant fui l’Allemagne nazie, au moins un d’entre eux juif, sont
venus avec une petite valise contenant les listes des noms, il a
comparé les noms de la cartothèque de l’hôtel avec les listes qu’il
portait et a arrêté les hommes hongrois, qui ont dirigé la Hongrie
et ont été signalés comme sûrement les responsables des mesures
anti-juifs de ce gouvernement. Ils n’ont arrêté personne de leur
familles, ni les yougoslaves, ni nous les bulgares.
C’était l’exécution de mesures de dénazification préparées
depuis longtemps, que les américains appliquaient ici en Autriche,
ayant fait partie jusqu’à hier du Troisième Reich (le national-socialiste),
dans ce cas contre des citoyens de pays de l’Europe du sud Est la
Bulgarie inclue.
Heidi, c’était le nom de la secrétaire de l’hôtel,
elle-même allemande provenant de Banat (Roumanie), avait suivi le
sort des hongrois arrêtés: les américains avaient libéré une petite
partie d’eux assez rapidement, parce qu’ils étaient arrivés à la
conclusion qu’ils n’étaient pas responsables dans des crimes contre
l’humanité et ont transféré les autres aux pouvoirs communistes
hongrois. Qui les ont exécutés selon les règles soviétiques après
des «procès» semblables aux «tribunaux» du Peuple bulgares.
Ma conclusion est: ceci est un exemple d’une dénazification
pensée et organisée de la part du vainqueur – les Etats-Unis. Peut-être
comme tout œuvre humaine elle n’est pas parfaite, mais elle est
acceptable.
Plus tard l’Allemagne a été laissée construire seule
son gouvernement. Elle a introduit une démocratie parlementaire
exemplaire. La dénazification générale qui a suivi n’a pas été parfaite,
mais elle a été la meilleure entre toutes les autres avec lesquelles
on peut la comparer.
Lorsqu’à la fin de 1989 le mur de Berlin est tombé,
les dissidents allemands ont sauvé les archives des Services Secrets
de Sécurité- Schtazi, la décomunisation en Allemagne est un peu
pédante mais sans aucun doute la meilleure en Europe et même dans
le monde. Ici il n’y a pas eu de vainqueur étranger, ni les Etats-Unis
ni la République Fédérale Allemande étaient des vainqueurs, le régime
communiste en Berlin Est a été aboli par la population même, dirigée
par ses dissidents.
Je me permettrait de parler à cet endroit d’un autre
cas – l’Extrême Orient: au Japon en 1946 les Etats-Unis ont transmis
la question à leur général, MacArthur, le vainqueur contre le Japon,
qui a lui aussi appliqué une politique à lui contre le régime autoritaire
dans l’Empire Japonais que l’histoire peut accepter comme réussie.
Le cas Iraq a montré que lorsque le vainqueur – les
Etats Unis – n’a pas préparé la paix après la victoire et espère
naïvement que le peuple libéré de la dictature de Hussein, va embrasser
la démocratie de manière spontanée, le passé autoritaire n’est absolument
pas liquidé.
En ce qui concerne la Bulgarie en tant qu’observateur
lointain il ne m’est pas attribué de diriger la discussion, dont
vous avez l’intention. D’après mes observations la situation est
la suivante:
Personne de l’extérieur n’a vainque le régime communiste
en Bulgarie, il a cédé le pouvoir en essayant de garder ses privilèges
et les finances de l’Etat, sous une petite pression de la part des
groupes de dissidents – une dissidence organisée n’existait pas.
Ces groupes après avoir accompli leur tâche le 14 décembre 1989
se sont dispersés.
De la part des gens qui détenaient le pouvoir on ne
pouvait pas espérer qu’ils commencent une lutte pour la décomunisation
parce que dans toutes les Assemblés Nationales inclus la Grande
Assemblée Nationale les représentants des Services Secrets avaient
une majorité. Les deux gouvernements anti-communistes de Philippe
Dimitrov et de Ivan Kostov étaient intéressés dans cette domaine
seulement à conserver le monopole de anti-communistes reconnus.
Lutter pour une décomunisation ne les intéressaient pas outre mesure.
Quelle est la situation aujourd’hui:
Aucun de pays post-communiste ne brille avec un succès
dans sa décomunisation (peut-être en partie la ex République Démocratique
Allemande).
D’autres pays post communistes ont certains succès.
La Bulgarie n’a aucun succès pour une raison simple qui est qu’elle
n’a pas commencé sa décomunisation.
Le seul espoir est qu’il n’est pas déjà trop tard
pour qu’elle commence enfin.
Le site «Décommunisation»
remercie Marina Ivanova pour la traduction du bulgare
en français.
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